mardi 27 février 2007

Une cuillée de béarnaise? Non merci...

Triste soirée chez les centristes: mauvais score à l'audimat, ferveur zéro, applaudimètre en panne, comme le programme de notre cher François Bayrou.
Et oui le ni-ni a fait un flop! La démarche était pourtant tentante: après des années de gouvernance mittérando-chiraquienne, place devait être faite à une politique nouvelle, celle de l'UDF. François avait pensé à tout: se forger une culture anti-parti (marre du PS et du RPR-UMP), mettre une claque cinq ans plus tôt en banlieue pour faire naturel et autoritaire, avoir une idée "toute bête", celle des deux embauches sans charges, rameuter Pierre Arditi, Alain Duhamel, Patrick Sebastien et Jean Marie Cavada, et enfin faire fantasmer le tout-Paris médiatique sur des rumeurs de ralliement en masse des hauts fonctionnaires socialistes!!! Ca faisait longtemps qu'il l'attendait son élection, longtemps qu'il supportait les railleries des Guignols, alors il était prêt François, prêt à en découdre, ses convictions et sa volonté béarnaise devaient le faire triompher...
Mais une élection, c'est comme un tracteur: parfois ça tombe en panne. Hier soir, le moteur de François s'est essoufflé, a manqué de jus et de couple...dur, dur la récolte des voix chez PPDA. Pointant du doigt l'incompétence de Ségolène Royal sur ses "boulettes" ou sur sa non-connaissances de questions cruciales comme le nombre de sous-marins nucléaires, la presse va-t-elle en faire de même pour le candidat centriste? Pas sûr, c'est pas drôle de taper sur le gentil Bayrou.
Mais force est de constater que la soirée n'a pas été une réussite: bafouillage (attention aux bégaiements, bois un coup François!), beaucoup de "heu...", nervosité expressive (voir le sketch du stylo, le pauvre...), et j'en passe...heureusement qu'il a réussi à sauver la mise sur la fin en chopant un rencart électoral avec une belle blonde!
Il est apparu comme limité sur certaines questions, voire dépassé, en particulier sur le sort des harkis, mal à l'aise (dommage pour un prof d'histoire-géo, incompétence...?), sur les questions d'éducation aussi, trop hésitant pour un ancien ministre de la rue Grenelle, beaucoup de fausses notes en somme.
Mais le pire est ailleurs: il n'a pas réussi son grand oral car il n'a pas réussi à montrer et à faire comprendre ce qui le différencie des deux autres candidats. On est donc tous en droit de se poser la question: son programme (transparent par ailleurs hier soir) est-il différent? Le Pen joue le troisième homme avec de vraies différences, une vraie rupture, aussi nauséabonde soit-elle, que propose Bayrou? Bien souvent de l'UMP recyclé et édulcoré, ou de la social-économie (autre nom, c'est ça la nuance et donc son originalité, de la social-démocratie scandinave) très prisée du côté de Solferino.
Le Pari de François Bayrou réussira-t-il? Malheureusement il risque de rester le béarnais sympathique que les médias présentent (combattant de la lutte anti-Bouygues, il ne sait pourtant pas fait prier longtemps pour rejoindre l'émission de PPDA, et l'on peut rajouter que les médias sont pour le moins clément avec lui...), faute d'avoir trouver sa place, ayant cru trop longtemps, peut-être par pure naïveté, que la position du milieu était la meilleure. Il a oublié aussi qu'avant d'être le troisième homme, il a été de droite, que son parti existe grâce à la droite, et malgré tout le respect que je lui dois, il a oublié que pour être Président de la République, il faut en avoir la carrure, et malheureusement pour lui (et heureusement pour la France), il ne l'a pas!

PS: Sans rancune François, il te reste 5 ans pour parfaire ta philosophie du ni-ni et sauver les meubles de ton UDF.

mardi 20 février 2007

Merci Ségo !

A la lecture des éditorialistes de ce matin, SR a réussi son passage car elle a été elle même, c'est à dire "une vraie maman". Son geste vers la personne atteinte de sclérose en plaque ne s'arrête pas à la simple compassion médiatico-stratégique que dénonce nombre de journalistes; c'est un geste vrai, l'émotion de cet homme l'a touché, serait-ce un crime en politique? A l'heure de la surmédiatisation, tout geste devient douteux, comme si les hommes ou femmes politiques devenaient prisonniers de leur fonction: voilà SR reine thaumaturge, à l'image de nos bons vieux rois de France, christique, martyre, ressuscitée, et quoi d'autre encore! En 2002, déjà, la gifle de François Bayrou avait affolé le giron journalistique, là où il ne fallait voir qu'une réaction, non calculée bien sûr, d'un homme.
A trop vouloir cacher la forêt derrière un arbre, les journalistes et les politiques de l'opposition risquent de l'abattre eux-mêmes. Ce qu'incarne aujourd'hui SR, c'est un espoir, une vision, une société plus juste, plus responsabilisée aussi, où tout le monde a sa chance et sa place. Son pacte présidentiel tient la route, la dynamique qu'elle veut faire naitre est possible et même souhaitable. Elle n'a pas non plus abdiquer hier soir sur ses propositions de l'encadrement militaire, de l'apprentissage à 16 ans; elle n'a pas reculé face aux tentations d'amalgame entre la délinquance et l'immigration, ni face à la vision modeste qu'elle a de la politique (tant pis pour les Velsatis et le champagne!).
Elle a simplement confirmé son discours de Villepinte, sa position socialiste, réaffirmé sa vision d'une Europe sociale (recherche médicale européenne, PAC reformulée et plus juste, politique des frontières européenne), et réhabilité un service public fort. En ce sens, elle est à l'opposé de la politique de Nicolas Sarkozy, et c'est bien là l'essentiel! Le choix est évident, le débat doit commencer. Arrêtons, messieurs les journalistes et autres aboyeurs sarkozistes, de voir en SR qu'une icône de messe, pleine d'espoir et vide de sens. Bernadette de Soubirou, Bécassine et Sainte Eulalie sont mortes, vive Ségolène Royal!!!

lundi 19 février 2007

A vous de juger...

Tous les médias en parlent: l'émission de TF1 est désormais DECISIVE !!!! En effet après le décisif discours de Villepinte, voilà maintenant que le face-à-face de ce soir apparait comme l'ultime chance qu'a Ségolène de remonter dans les sondages. Sacrés sondages !!! Si l'on devait s'en tenir à leurs résultats, Nicolas Sarkozy serait déjà élu, Ségolène balayée, François et Jean Marie se partageant le reste...Cette doxocratie devient pour le moins inquiétante tant pour notre démocratie que pour l'issue de l'échéance électorale.
La présentation quasi quotidienne de sondages, et l'analyse-commentaire qui s'en suit, trouble en profondeur l'objectivité citoyenne, démocratique et politique. Favorables, tous sans exception, au Ministre de l'Intérieur, ils placent la campagne de son adversaire principal, en l'occurrence Ségolène Royal, face au mur. Devant la multiplication des mauvais scores, les médias la pressent de réagir. Ses interventions, ses discours, ses paroles, ses gestes, tout est minutieusement observé. Elle est devenue une proie, que l'on épie, que l'on chasse, et bien sûr, pour certains seulement, que l'on tue !
Il en est ainsi de son intervention chez PPDA face aux 100 français, face à ce panel représentatif de la population française. Mais que va-t-il donc se passer? Sera-t-elle à l'aise face aux questions? Comment sera constituée l'assemblée de bons français, majoritairement favorable ou le contraire? Aura-t-elle bien préparer ses réponses? Aura-t-elle eu le contenu des réponses au pire?
Le scénario de ce soir pourrait être prévisible: Ségolène Royal tentée de rebonbir, suivant par là les recommandations médiatiques, obligée de répondre à tout de manière claire et précise, voilà l'image d'une audition réussie. Mais voilà, qu'adviendra-t-il le lendemain? Soucieuse d'avoir réponse à tout, comme son adversaire de l'UMP, ne risque-t-elle pas de voir fondre sur elle les critiques faciles de "Me Réponse à tout", "Me Je sais tout", "Me Je copie tout", lancées par les aboyeurs de Nicolas, Dati, Bertrand, Fillon et consorts.
Mais peut-être Ségolène va nous faire du Ségolisme, c'est à dire être elle-même, avec ses convictions, ses failles, sa retenue, sa maladresse, son meilleur visage finalement, celui en tout cas qui lui réussi le mieux. Elle est toujours face à son dilemme: Suivre l'agenda des médias, et donc celui de Nicolas Sarkozy ou suivre le sien, avec son lot d'hésitation, de force et de doute.
L'intervention télévisée de ce soir illustre parfaitement ce dilemme dont elle seule à la réponse.
Rendez-vous demain !!!

lundi 12 février 2007

C'est parti !

La campagne est lancée! Ce 11 février a donné le coup d'envoi du match présidentiel opposant la gauche à la droite. N'en déplaise aux troisièmes hommes, il semble que la perspective Ségo-Sarko apparaisse comme la plus probable, le soir du 1er tour. Sarko attendait le projet socialiste, le voilà. En effet le discours de Ségolène Royal semble satisfaire tout le monde.
Le parti socialiste a retrouvé un leader, un représentant, la filiation mittérandienne de l'élue poitevine n'aura échappé à personne. Son projet sera socialiste: éducation, solidarité, logement, autant de thèmes qui sentent bon la gauche "historique". Mais au delà du contenu, c'est la personnalité de Ségolène Royal qui marque des points ce lundi. Longtemps taxée d'incompétence, la petite bécassine, dans un rouge flamboyant, a rappelé à ces rivaux qu'il faudrait compter sur sa conviction, sa détermination et son courage, en témoigne ce bref instant d'émotion volée au détour de la référence à son rôle de mère.

Oui Ségolène tiendra, malheur aux médisants, aux machos et aux sceptiques, elle a bien l'intention de se battre!
Le nombre de réactions à droite comme à la gauche de la gauche exprime bien l'inquiétude née de ce discours.
La LCR, LO et le PC ont vite retrouvé leur fibre anti-capitaliste, ressortant les trompettes trotskistes au moment où l'électorat de gauche revient dans le giron socialiste. Longtemps espérés, les déçus de la social-démocratie tendance libérale incarnée par la Ségolène d'automne se voient aujourd'hui revigorés par la fraîcheur de la rose d'hiver. Il ne reste à l'extrême gauche qu'une liberté de protestation, sa force anti-capitaliste et peut-être bientôt que les yeux pour pleurer...

A droite, la sarkoteam a aussitôt sorti les mitrailletes: coût total non chiffré, absence de projet, discours passéiste, émotion préfabriquée, sincérité de surface, et tant d'autres compliments. Cependant la réaction reflète bien une inquiétude: on est enfin rentré dans la campagne, la gauche existe, tenace visiblement, et prête à en découdre. Esseulé depuis quelques semaines dans le peloton de tête du marathon présidentiel, Nicolas Sarkozy retrouve enfin une compagnie. Adepte du jogging, ce dernier sait pertinemment qu'une course peut se perdre dans la dernière ligne droite. Il l'attendait, avec appréhension sans doute, l'heure du débat a sonné. Il a donc lancé sa meute de disciples dans la forêt médiatique, chasser la proie socialiste. Il ne fallait pas s'attendre à mieux de sa part. Il sait néanmoins qu'il va devoir à présent cravacher. A l'heure où il pense déjà au rassemblement du second tour, il va vite se retrouver face à une contradiction évidente: le projet de Ségolène Royal étant socialiste, sa tentative de drague à gauche risque de s'essoufler et de rapidement crisper l'électorat de droite. Son prochain défi sera donc de recentrer son discours vers le public traditionnel de droite: Jaures et Blum vont être soulagés !
Finalement, le show de Villepinte a éclairci quelque peu le ciel de la campagne: finie la confusion des genres, chacun revient à ses idées et à sa base, place maintenant au débat, projet contre projet comme ils disent !

samedi 10 février 2007

11/02/2007: quitte ou double ?

Ce 11 février marquera-t-il cette campagne présidentielle? Sarko à la mutualité va nous sortir les violons populaires et entonner l'Internationale, Ségo lui répondra à coup sûr un discours pondéré et gauchisant où la solidarité et le progrès feront tinter à nos oreilles un son jauressien ! A l'heure où Le Pen récupère Karl Marx et son combat anti-capitaliste, Ségo va devoir faire attention: la référence aujourd'hui a perdu de sa force! Tout est chamboulé, les valeurs se confondent, on prend en otage les Anciens pour faire face à la modernité et au changement. Cela rappelle une vieille querelle, celle des Anciens et des Modernes, le progrès contre le conservatisme. Seulement voilà, chez certains, la pirouette est légère...On ratisse large me direz vous, c'est les habitudes de campagne. Oui mais c'est surtout prendre les français pour des couillons! Que Sarko fasse la girouette entre Rungis et Toulon, et les médias le trouvent près du peuple, c'est en tout cas l'image qui en ressort; Qu'Alain Soral marie Le Pen à Marx, là ça devient comique; Mais que Ségo suivent les traces, non !!! Son discours à Villepinte doit affirmer ses idées, celles du progrès et de la réforme. Les références à Blum ou à Jaures seront évidemment de la partie, même si les médias diront qu'elle gauchise son discours. Et c'est là le principal écueil: donner aux médias et au peuple l'image d'une Rosa Luxembourg déguisée en Chanel ! Ségo doit continuer ce qu'elle a commencé, c'est à dire le changement! En ancrant son discours à gauche-gauche, elle risque de décevoir les partisans du ségolisme. Alors au diable les éléphants et les références historiques, le cimetierre de la gauche n'est pas encore ouvert, n'en déplaise aux "bien-pensants", la gauche existe toujours! C'est là le principal message de la réunion du 11 février.
Sommes-nous peut-être rentrés dans un nouveau 16ème siècle, celui de l'humanisme, du progrès et du renouveau. Le moyen-âge semble se dissiper , l'ère moderne s'ouvrir: Ségo pousse la porte...

vendredi 9 février 2007

Une vision de la France...?

Une expression à méditer...un avenir, une perspective, un projet, un idéal, une utopie, que peut bien contenir cette formule qui dorénavant préoccupe bon nombre d'intellectuels. C'est en tout cas la réalité d'une frange de la population politico-médiatique insurgée contre la transparence, voire la quasi disparition de l'intelligensia gauchisante, creuset du renouveau idéologique de ce que la France appelle la Gauche ! Mais trêve de lexique intellectualisant et autre syntaxe journalistique, parlons vrai !
Les médias, de concert avec la sphère électorale du Sarkoland, qui dénoncent aujourd'hui le "vide" idéologique du programme du Parti socialiste et de sa candidate Ségolène Royal, semblent atteints de cécité ou de surdité aggravées. Les critiques visant le manque de références aux pères fondateurs ou l'affranchissement de Ségolène vis à vis du programme socialiste apparaissent comme bien creuses face à la réalité politique: ce dernier est librement consultable sur le site Désirdavenir de la candidate socialiste. Encore faut-il s'en donner la peine...Sinon, tout y est ou presque: éducation, sécurité, fiscalité, immigration etc... de même que les nombreux rapports commandés aux diverses personnalités du parti.
Cela manque de mesures concrètes me direz-vous; il faut donc se mettre d'accord: ceux qui réclame une vision, une idéologie et une voie socialiste devraient se réjouir, de droite comme de gauche, elle existe! Pour ce qui est des mesures concrètes ou des calculs chiffrés au centime près, tout vient à point à qui sait attendre...Comprenez: ce qui importe aux français, c'est le souffle, la modernité, la motivation, le comment est secondaire. C'est pour une vision que l'on vote, pour une société et des idées, les bourdes, fautes d'orthographe et autres erreurs historiques pèsent guère dans la balance électorale.
La vision de la France qu'espère incarner Ségolène Royal semble séduisante, honnête et réalisable. De même qu'elle se réclame du progrès, de Jaures, de Blum et de Mitterand, elle semble seule avoir compris que cette nouvelle vision est à écrire. Et si la nouvelle intelligensia socialiste commençait avec elle, loin des salons dorés parisiens, au creux des débats participatifs, une sorte de régénérescence interne. Et si le socialisme revenait à ses origines et au peuple: qui est le mieux placé pour parler de ce monde vécu au quotidien, le peuple ou la technocratie gouvernementale? Evitons cependant de faire dans l'anti -parisianisme primaire, mais ne fermons pas les yeux non plus devant l'initiative populaire et le débat qui en découle; rien n'est parfait, ni dans le peuple, ni dans les élites, ni chez Ségolène Royal, mais laissons-nous le temps d'espérer et d'y croire, une nouvelle vision de la France est possible, à nous de l'incarner avec elle !