vendredi 27 avril 2007

BAD GODESBERG OU BEREZINA ?

Le PS a la nausée...Depuis dimanche, le grand parti de gauche français est au bord de la schizophrénie: le centre-gauche lutte avec la gauche-gauche! Il est vrai que cette pathologie, ce malaise devrais-je dire, devait arriver tôt ou tard. Le résultat est là: Ségo est à 5 points derrière. Si elle se voit contrainte de repiquer au centre, elle n'en demeure pas moins celle qui mène le bal. Car attention, si M. Bayrou jubile si fort depuis dimanche, il ne faut pas oublier qu'il a perdu; il s'est fait écarter en demi-finale. Mais les médias français adorent jouer les entremetteurs, ils brouillent les cartes, nos esprits et finalement le scrutin du 6 mai. Car c'est ici que le bât blesse. On présente le béarnais comme le personnage central de l'histoire (faut dire qu'il en fait pas mal lui aussi...) mais l'on oublie Ségo et Sarko. Le calcul pervers de François de secouer le cocotier socialo en jouant le cheval de Troie démocrate est très risqué: détruire le PS sera une rude tâche (25% des suffrages certes avec un vote utile), le remplacer à la tête de l'opposition anti UMP guère moins facile.
Ségo détient la clé de ce scrutin: ou elle prend le PS par la droite et fait naître un parti social-démocrate calqué sur le modèle européen, ou elle compte sur la "vraie" gauche pour pouvoir s'en sortir. Il semble que le premier calcul soit le bon et celui qu'elle ait choisi. La question qui se pose est de savoir à quel visage pourrait ressembler ce nouveau parti. La tendance libérale de l'UDF est-elle compatible avec les emplois-aidés? Les convictions européanistes de Bayrou sont-elles compatibles avec le non de Fabius? Le socialisme hérité de Marx doit-il disparaître ou doit-on le laisser à Olivier Besencenot et consorts? On voit bien que toutes ces équations sont difficiles à résoudre quand elles le sont déjà à établir. L'enjeu est là: ou on les résout et on avance, ou on ne s'entend pas et l'on recule.
Cependant, c'est bien Ségolène qui a les cartes en main. Elle peut décider ou non de se lancer dans cette aventure. N'en déplaise à quelques éléphants ou autre nostalgique: faut passer à autre chose! J'ai été de ceux qui ont fustigé la position centriste, la trouvant inappropriée voire ridicule, mais la réalité des urnes a pointé mon erreur: les français en sont las des guerres PS-UMP, ils veulent du changement (85% de participation). Pour ma part François Bayrou ne représente pas ce changement, mais son idée de départ était peut être la bonne. Une troisième voie est possible voire souhaitable; je pense toutefois que c'est sur la base du socialisme que la première pierre doit être posée. Je ne peux renier mes convictions viscéralement "gauchisantes" et laisser aux prédateurs libéraux le destin de mon pays. En d'autres termes, ce n'est pas Ségo qui doit se plier aux exigences de l'UDF mais bien le contraire. Ceux qui refusent la vision de la société sarkoziste doivent se rallier à cet "idéal", les autres savent ce qu'ils doivent faire. Le centre ne peut exister en tant que tel, il reste le refuge des ni-ni, et par là-même une sorte de salle d'attente, un sas, une transition. A l'image du purgatoire, l'UDF et les centristes ne peuvent demeurer longtemps dans l'antichambre du pouvoir; tôt ou tard ils choisiront: enfer ou paradis !
L'introspection ratée du PS de l'après 22 avril amène aujourd'hui à la situation d'urgence. Ce que François Hollande n'a pas fait, aussi brillant soit-il, Ségolène doit le réaliser le plus rapidement possible. Le village d'Asterix n'est plus, il doit se romaniser...La pilule sera sans doute très dure à avaler même si ce n'est rien comparée au gros cachet Sarko ! Nos consciences doivent se réveiller et réfléchir, je parle bien évidement de nos consciences de gauche. L'avenir de cet idéal qui nous traverse est là. L'ouverture ou la mort à petit feu.
Ségolène a t-elle la carrure pour porter ce projet, François est-il prêt à renoncer à sa "destinée", les éléphants ont-ils réservé une place au cimetière...une chose est sûre, les français sont prêts. Si le nouveau projet est cohérent, nul doute que les français feront le bon choix.
Le résultat du 6 mai confirmeront-ils cette espérance, une seule chose à faire: attendre...pas trop non plus car le petit Nicolas, lui, avance...

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